Roadrunner - 2007
1/5
Si l’on en croit Andy Warhol, lui-même un sacré expert en la matière, « le mauvais goût fait passer le temps plus vite » … autant vous dire qu’à l’écoute du premier album des américains de Daath, « The hinderers », les minutes de mon horloge s’écoulèrent d’une monotone lenteur.
Attention ! Loin de moi l’idée de critiquer les aptitudes musicales du sextette comprenant dans ses rangs l’ancien bûcheron de Dying Fetus ou de Skinless (d’autres diront Chimaira, nous apprécions suffisamment le travail du garçon pour ne pas l’associer à cette mascarade commerciale), expliquant ainsi l’omniprésence de la double pédale, mais il est plutôt question ici de remettre en cause un système actuel consistant à accumuler riffs, breaks et autres ponts en espérant pouvoir remplir un album de treize titres et donc 48 minutes qui en paraissent 120, surtout pour une drôle de mixture entre The Covenant, Fear Factory, Devildriver et Dimmu Borgir.
Symptomatique de cette maladresse est le titre ‘Festival mass soulform’ : gross riff, léger break à la Finntroll, accélération soudaine, pont atmosphérique et machineries étranges comme pour boucler un titre inachevé dans la tête de ses jeunes concepteurs.
Le jeune groupe d’Atlanta n’est ainsi pas parvenu à faire le tri entre ses nombreuses idées, malgré quelques bons passages : ‘Subterfuge’ (premier titre de l’album où l’on se rend compte que le vocaliste Sean Farber doit se recueillir tous les matins devant un autel élevé à la gloire de Dez Fafara) ou encore ‘Above Lucium’.
Mais là où le bât blesse profondément, c’est dans les parties de claviers : ambiances à la Jean-Michel Jarre sur le cyniquement nommé ‘Who will take the blame ?’ (à noter un immonde solo de James Murphy, ex-Death, par ailleurs producteur honnête de cette galette sans âme, et qui parvient à refourguer un des titres de son album solo), un croisement entre Bal-Sagoth et le générique de Tonnerre mécanique (à moins que ce ne soit le Remanufacture de Fear Factory) sur le titre éponyme mais surtout ‘Dead on the dance floor’, grand moment de kitsch où l’on imagine très bien un zombie grimé en Travolta gesticulant sur ‘Scatman’ remixé avec des titres planants de Burzum.
Jean Yanne : « Franchement, quand on voit qui est célèbre aujourd’hui, on s’étonne encore qu’il y ait des mecs qui aient suffisamment mauvais goût pour rêver de l’être eux aussi un jour ». C’est vrai ça, c’est pourtant joli Atlanta …
